Quel impact des MOOCs sur l'enseignement supérieur américain?
Personne n’oserait le nier, les Etats-Unis sont à la pointe de l’enseignement combiné au numérique. Si les MOOCs commencent à déferler sur les grandes écoles françaises, le phénomène est à peu près banal outre-Atlantique depuis plus de dix ans. L’occasion de tirer des leçons approfondies sur l’impact des MOOCs dans l’enseignement supérieur, une étude réalisée ce mois-ci par dix grandes universités (principalement américaines), à l’instigation du grand théoricien de l’apprentissage George Siemens.
Des intérêts des MOOCs
Les résultats de l’étude sont révélés par Inside Higher ED et Allison Dulin Salisbury, chargé de recherches au Davidson College.L’une des conclusions majeures relève la forte hausse d’intérêt général des institutions d’état américaines pour l’e-learning dans l’éducation générale : « Il y a encore quatre ans, nombre de nos corps professoraux universitaires et de nos administrations de haut niveau ne s’engageaient que rarement profondément dans les questions relatives à l’enseignement supérieur à l’ère numérique ». Désormais ces thématiques foisonnent dans les stratégies globales décisionnelles, les campagnes de financements et autres prises perspectives d’évolutions. Une autre conclusion de l’étude pointe le regain de considération pour le métier d’enseignant. Loin d’éventuellement éclipser la stature du professeur, les MOOCs semblent valoriser le travail de leurs créateurs. Plusieurs enseignants ont ainsi obtenu des promotions dans leurs métiers en récompense du succès de leurs MOOCs, et engrangé une importante publicité et reconnaissance personnelle, des enjeux quotidiens dans l’enseignement supérieur.
Un miroir prospectif pour l’enseignement supérieur français ?
Un autre intérêt des TICE réside dans le décloisonnement du métier d’enseignant. La création d’un support comme le MOOC nécessite un spectre de compétence élargi, avec développeurs, chercheurs spécialisés, vidéographistes ou encore designers. De quoi favoriser l’ouverture d’esprit, croiser les domaines d’expertises et s’assurer un élargissement des compétences et les faire valoriser par la suite. Selon l’étude, « Les structures organisationnelles réalisées autour de la création de MOOC ont prodigué des espaces sûrs pour l’expérimentation et l’innovation en matière d’enseignement et d’apprentissage ». Les très dynamiques startups américaines de l’ed-tech vont ainsi continuer à produire et fournir des innovations de haute-technologie, à disposition des grandes écoles et universités américaines. « Le battage médiatique autour du MOOC peut mourir, mais son élan à pavé la voie à une expérimentation accrue, avec des idées audacieuses et réfléchies pour l’enseignement supérieur dans l’ère du numérique ».
De tels constats semblent quelque peu éloignés de la réalité européenne, et (surtout ?) française, même si le virage numérique est assurément en marche depuis quelques mois. Cet instantané du numérique dans l’enseignement supérieur américain résonne peut-être pour la France comme une projection dans le futur. Mais, pour reprendre une expression évoquée dans l’étude, la route s’annonce encore pavée d’embûches.