Adieu les cours d’histoire, de maths ou de langues : la Finlande bouscule son modèle éducatif
Le très influent programme PISA (Program for International Student Assessment ), qui établit les performances des systèmes éducatifs des nations, plaçait dans son classement de 2013 la Finlande en sixième position mondiale. Un rang flatteur pour le pays scandinave, qui se dénote quotidiennement en bousculant les codes de l’éducation. Ainsi, après avoir déjà abolit l’enseignement de l’écriture attachée, la Finlande s’apprête à abandonner l’enseignement par matières.
Du pragmatisme dans l’enseignement
Le changement s’annonce audacieux et radical : finis les enseignements rigides et cloisonnés par disciplines (histoire, langues, maths…), place à la souplesse et au dynamisme, avec des « enseignements par thèmes » favorisant l’interdisciplinarité. Des thématiques comme l’Union européenne croiseront de manière flexible les défuntes matières figées comme l’histoire, l’économie et la géographie, dans une optique ultra-pragmatique et efficace, avec un gain de temps économique à la clé.
L’objectif est de préparer au mieux les jeunes Finlandais : « Nous avons besoin d’une nouvelle forme d’éducation pour préparer à la vie active », indique Pasi Silander, responsable du développement de la réforme éducative pour Helsinki. « Les jeunes Finlandais utilisent des ordinateurs hautement perfectionnés. Nous devons ainsi appliquer des changements dans l’éducation, nécessaires pour l’industrie et pour toute société moderne ».
Au sens originel de la classe inversée
Nonobstant l’intérêt économique de cette réforme, l’évolution portera également sur la relation entre professeurs et étudiants. Dépassant l’ancestral modèle de passivité des étudiants face à leur maître, le nouveau format sera beaucoup plus participatif du fait des thématiques d’études très concrètes, et avec des classes réduites. Une manière de placer le professeur au centre de ses élèves et non plus devant eux, ce qui était à l’origine l’objectif réel de la classe inversée, par la suite faussement interprétée par effet diligence.
Même si pour l’heure 70% des enseignants de collèges d’Helsinki ont été formés à ce nouveau mode d’éducation (avec réajustement salarial), les oppositions ne sont pas absentes, notamment dans le reste du pays. Les réserves les plus marquées proviennent assez logiquement des enseignants les plus expérimentés, qui ont poursuivi l’essentiel de leurs carrières à enseigner la même matière. Cependant, passée la difficulté de changement initiale, l’enthousiasme semble bien réel.
Casser les codes pour faire face aux défis humains et économiques du 21ème siècle : un défi relevé par la Finlande, déjà très bien positionnée dans les nations à la pointe de l’e-learning. Un pays qui n’hésite pas à faire preuve d’audace et d’innovation, avec des résultats reconnus et salués mondialement. Un exemple potentiellement à méditer pour la France, où la mise en place de telles réformes s’annoncerait probablement et malheureusement bien plus délicate.