Pologne : l’extrême-droite aux rênes de l’éducation
Contrôlée d’un main de fer par le parti Droit et justice (PiS, ultra-conservateur) malgré les manifestations à répétition, la Pologne s’enfonce toujours plus dans l’ultra-nationalisme, s’isolant d’autant de l’Europe. À peine nommé, le nouveau ministre de l’Éducation nationale Przemyslaw Czarnek réussit même à choquer dans son propre parti, comparant le mouvement LGBT au nazisme, et se déclarant favorable aux punitions corporelles pour les enfants.
Théorie du genre et châtiments corporels
Nommé depuis le 19 octobre dernier, Przemyslaw Czarnek n’a pas attendu pour faire parler de lui. S’inscrivant dans la doctrine officielle assumée par son parti le Pis en la poussant encore plus loin, le ministre de l’Éducation s’est aussitôt attaqué à “l’idéologie LGBT“, cette “théorie du genre” possédant “les même racines néomarxistes que le national-socialisme hitlérien“. Les homosexuels sont ainsi considérés comme “amoraux, putrides et dépravés“, alors que l’idée même du mariage ne serait vecteur que de “calculs rénaux“. Sans surprise, la thématique de l’avortement hérisse de même Przemyslaw Czarnek, pour qui les femmes seraient prises en faute naturelle en commettant cet acte : “[elles] ne font pas ce pour quoi Dieu les a créées“.
Armé de ces convictions pour le moins tranchées, Przemyslaw Czarnek s’est vite signalé par son action énergique au sein du ministère de l’Éducation, avec une vision extrémiste assumée de l’enseignement. À part un lointain article universitaire, rien de prédestinait Przemyslaw Czarnek à prendre en charge le ministère de l’Éducation polonaise – de la maternelle au supérieur. Avocat de formation, ce député de 43 ans toujours très soucieux de son apparence possède malgré tout des idées bien arrêtées en matière d’éducation. Il est «parfois nécessaire d’avoir recours aux châtiments corporels» contre les enfants déclare-t-il, parce qu’il «vaut mieux pleurer pendant l’enfance qu’à l’âge adulte».
La chasse aux sciences humaines
En à peine trois mois à la tête de son ministère, Przemyslaw Czarnek a déjà fixé ses intentions pour l’éducation polonaise. Le ministre veut supprimer tous les enseignements de genre et lutter contre les ateliers anti-discrimination. De quoi mener la vie encore un peu plus dure aux élèves homosexuels, dont déjà les deux-tiers développent des idées suicidaires – contre 11% des jeunes Polonais. L’objectif est clair et sans détour : il faut “arrêter d’écouter ces idioties sur de prétendus droits de l’homme ou une prétendue égalité“.
Abhorrant les sciences humaines laissant trop de latitude aux élèves pour réfléchir sur leur condition, Przemyslaw Czarnek entend également largement réduire la place accordée à ces “idéologies gauchistes“. À défaut de patriotisme, la Pologne devrait ainsi s’enfoncer encore un peu plus dans le nationalisme, écartant les pages noires de l’histoire polonaise afin d’en finir avec cette “pédagogie de la honte“, pour en exalter à l’inverse sa -supposée- gloire. Dans la foulée et de manière logique, les sanctions disciplinaires pesant contre les universités accusées de négationnisme devraient être levées. Une politique ironiquement conforme aux régimes fascistes dans l’histoire, pourtant récriminés.