[Interview] Richard Cliche nous parle de sa vision des TICE
Nous avons récemment publié une interview de Romain Gibert, passionné par les questions de la technologie dans la formation, et qui nous livrait sa vision des TICE, dans un monde où les technologies s’appliquent de plus en plus à l’enseignement. Aujourd’hui, c’est au tour de Richard Cliche, enseignant québécois et blogueur, de nous parler de sa vision de ces technologies.
Pouvez-vous nous en dire plus à propos de vous et de votre parcours ?
Je suis présentement étudiant dans un programme de 2e cycle en technologie éducative et j’ai créé un blogue technopedagogie101.com, qui se veut un référentiel de différents outils pour l’intégration et l’utilisation des TIC en classe. Je donne aussi plusieurs ateliers de formation sur l’initiation aux différents outils technologiques en conception pédagogique.
Après ma formation initiale en gestion des ressources humaines aux Hautes Études Commerciales, où j’ai eu l’opportunité de travailler sur plusieurs dossiers de gestion de formations pour différentes entreprises, je me suis tourné définitivement vers l’enseignement en terminant mon brevet en 2007.
J’ai ensuite enseigné 4 ans à une clientèle adulte, puis je me suis tourné, ces 8 dernières années, vers celle du secondaire (lycée) avec les élèves ayant des difficultés d’apprentissage dans les parcours axés vers l’emploi et la formation professionnelle. Pourquoi choisir cette avenue ? C’est dans l’espoir de mieux préparer cette clientèle au marché du travail et l’outiller face aux différents des entreprises et du marché.
Pourquoi vous êtes-vous tourné vers les TICE et le numérique dans l'enseignement ?
Parce que le système scolaire tel qu’il a été conçu se dirige vers un mur. Depuis 10 ans le monde évolue très rapidement et je crois que l’école et les enseignants doivent s’ajuster à ce rythme plus rapide, mais aussi plus évolutif. L’intégration des TICE dans la pratique enseignante allait donc de soi, mais elle me force aussi à utiliser des pratiques pédagogiques innovantes : le whole brain teaching, le design thinking, le blended learning et la classe inversée pour ne nommer que ceux-là.
La réussite de l'école est souvent associée à la mise en œuvre d'une pédagogie adaptée aux enfants qu'elle reçoit. La diversité des outils technologiques et des pratiques font que les multiples choix possibles rendent la pédagogie plus vivante et plus intéressante pour l’élève.
Quelle est selon vous l’importance actuelle de ces technologies pour les élèves ?
Selon moi, l’intégration des technologies en contexte pédagogique n’est pas seulement une mode. On a seulement à regarder notre fonctionnement quotidien pour s’apercevoir qu’il serait difficile de se passer de l’utilité ou de plusieurs « aisances » que la technologie nous offre. Il serait donc idéal que la sphère scolaire soit technologiquement à jour avec la réalité du monde du travail. Nous préparons la relève de demain, il est donc important que ceux-ci ne soit pas des « analphabètes » numériques.
Pensez-vous que les TICE représentent un nouveau moyen de motiver les élèves par l’interactivité ?
Oui, mais pas à n’importe quel prix. Il ne faut jamais oublier que dans un rapport d’enseignement, tout est dans la relation entre l’enseignant et l’élève, et ce, que ce soit en contexte réel ou virtuel.
J’ai aussi observé dans ma pratique qu’avec la technologie, il est plus facile d’éveiller l’intérêt des garçons éprouvant des difficultés d’apprentissage. L’utilisation des TICE devient donc non négligeable pour diminuer le décrochage.
Selon vous, quels sont les grands avantages des TICE en général ?
A cette question, je me joins à la réponse de votre précédent interviewé, Romain Gibert :
- La Mobilité ;
- La souplesse d’organisation (la formation s’affranchit désormais des contraintes de temps, de lieu, etc.) ;
- L’interactivité (Boom des pédagogies interactives, toujours plus actives et/ou participatives, et surtout sociales : l’apprentissage en réseau !)
Ces trois avantages, sont je crois, les piliers de la révolution de l’éducation qui a commencé à s’opérer. Ils permettent d’offrir un enseignement de plus en plus ciblé et intéressant.
Et à l’opposé, qu’est-ce qui d’après vous peut limiter l’implantation des TICE aujourd’hui ?
La disponibilité des ressources financières et matérielles est un obstacle majeur. Il est évident que tout ce qui entoure l’intégration des TICE est très coûteux. Cependant, plusieurs institutions de ma région commencent à se tourner vers le BYOD (Bring your own device) qui pourrait s’avérer une piste de solution. Mais elle pourrait aussi mener vers un clivage social puisque tous ne dispose pas des mêmes ressource pour se procurer les différents outils technologiques.
L’autre obstacle de taille se trouve dans la volonté des enseignants. Il faut être prêt à s’investir pour une intégration et une utilisation réussie des TICE. L’auto-formation à certains outils, l’appropriation de différentes stratégies pédagogiques, une planification plus complexe à certains moments et ne pas avoir la peur d’essayer de nouvelles pratiques, tous ces facteurs peuvent en rebuter plus d’un.
Comment pensez-vous que les TICE doivent évoluer dans les années à venir ?
Les TICE sont sur la voie de rendre la formation universelle et accessible à tous. Cependant, l’accent doit être mis sur le développement de la citoyenneté numérique. L’école a maintenant le rôle développer de nouvelles compétences chez l’élève : recherche d’informations crédibles, développement d’une bonne cyber-réputation, éduquer à la nétiquette, l’utilisation pédagogique des réseaux sociaux, etc. Les fiches du CNIL et mavieen3w peuvent être des outils de départ fort intéressants.
Quelle serait une récente initiative dans le monde des technologies de l’éducation qui vous a particulièrement marqué ? Pourquoi ?
Trois initiatives m’ont marquées dans les derniers mois :
- L’utilisation de Twitter en éducation, que ce soit comme réseau social, pour faire des concours de twittérature ou des projets collaboratifs ;
- La classe inversée qui permet aux élèves de profiter à fond des avantages des TICE mentionnés précédemment : mobilité, souplesse d’organisation ;
- Le « serious » game et les jeux interactifs de quête qui permettent d’aller chercher l’intérêt de plusieurs élèves.
Merci beaucoup à Richard Cliche d'avoir pris de son temps pour nous accorder cette interview, et d'avoir accepter de nous livrer sa vision des TICE.