[Interview] Geoffroy Daignes décrit pour Educadis l’expertise en formation pédagogique de The Mooc Agency
Geoffroy Daignes est directeur développement de The MOOC Agency, une société spécialisée dans l’innovation pédagogique autour du numérique. Geoffroy détaille ici pour Educadis l’intérêt et les enjeux des MOOCs dans la formation professionnelle.
Pouvez-vous présenter The Mooc Agency, et votre idée originelle de création d’entreprise ?
The MOOC Agency est née de l'idée de proposer des solutions innovantes aux écoles supérieures et aux entreprises pour leurs projets de formations. Nous avons choisi de nous spécialiser sur les innovations pédagogiques issues du format MOOC, c'est à dire un format collaboratif où la communauté a un rôle important (enrichir et compléter la formation) et un format multimodal où le texte, la vidéo, la webconférence, les forums et les rencontres en présentiel se mélangent pour proposer une expérience utilisateur plus riche.
Quels sont les horizons et spécialités de vos collaborateurs ?
Notre équipe est constituée d'ingénieurs pédagogiques, de développeurs, de réalisateurs et d'experts en formation et en communication. Certains ont une longue expérience dans la formation digitale et d'autres sont des jeunes collaborateurs passionnés de nouvelles technologies de la formation et de la communication. La variété de nos profils est nécessaire pour accompagner un client sur toutes les étapes d'un projet MOOC.
Quels sont vos clients types ? Sont-ils également partagés entre établissements d’enseignements et sociétés privées ?
Nous travaillons avec différents profils de clients : des grandes écoles (ESSEC), des entreprises (Monoprix) et aussi avec des administrations puisque nous débutons une collaboration avec Pôle Emploi. Notre offre d’accompagnement et de conception MOOC s’adapte facilement aux besoins de nos différents partenaires.
Les annonces de nouveaux MOOCs par les grandes écoles et universités françaises sont désormais quotidiennes. Comment expliquez-vous un tel engouement ?
Il y a eu une explosion de la production de MOOCs au cours de la dernière année. Le NewYorker rapporte d’ailleurs qu’il y a, en novembre 2014, 495 MOOCs accessibles en ligne, soit 5 fois plus qu’au même moment l’année dernière. Le constat est notamment lié à un effet de rattrapage des autres pays par rapport aux Etats-Unis puisque, pour prendre le cas de la France, en 2013 seul 3% des universités françaises proposaient des cours en ligne, contre 80% aux Etats-Unis.
Il y a un effet de mode autour du terme MOOC qui a d’ailleurs été qualifié de mot de la rentrée universitaire dans de nombreux articles. Un MOOC représente aujourd’hui une très belle vitrine pour une école ou une université: elle lui permet de mettre en avant la qualité de son enseignement et de se faire connaître auprès d’un public plus large, non seulement en France mais aussi dans l’ensemble des pays francophones.
De plus et c’est sans doute un sujet crucial pour l’avenir, on note qu’il existe aujourd’hui une réflexion forte autour de la formation continue : l’arrivée des nouveaux outils digitaux devrait modifier le paysage de ce secteur et en se familiarisant avec ces outils ; les écoles et les universités l’ont très certainement à l’esprit.
Les MOOCs sont-ils réellement adaptés aux formats des organismes et entreprises privées ?
Oui, les entreprises sont très demandeuses d’offre de formation interne au format blended learning. Ce terme désigne un mixte de formation à distance et en présentiel. Cela se rapproche fortement des méthodes de pédagogie inversée pratiquées au sein des universités anglo-saxonnes depuis de nombreuses années. Les salariés peuvent bénéficier d’apports théoriques et d’exercices en ligne, et aussi échanger sur les forums, ce qui va permettre d’enrichir les séances en présentiel et de pouvoir réaliser d’avantage d’activités.
Le principe du e-learning est aujourd’hui très répandu au sein des entreprises, comme vous l’avez d’ailleurs mentionné au sein de votre article sur l’e-learning dans les entreprises françaises, mais le potentiel d’expansion est encore très important et, nous le pensons, particulièrement pour des outils types MOOCs.
Que désigne la notion de « MOOC management » et quels sont les enjeux de cette offre ?
Pour nous, la notion de MOOC management désigne l’amélioration du premier cours que nous avons produit pour nos clients. Les MOOCs permettent de recueillir beaucoup de données et notamment concernant l’expérience des utilisateurs. Nous proposons donc une amélioration de nos productions aux côtés de nos clients afin que les contenus proposés soient de plus en plus efficaces dans le temps.
Depuis la dernière rentrée, l’enseignement numérique et ses enjeux s’installent dans le débat politique. Où en est la France avec l’e-learning, aussi bien à l’école qu’en entreprise ?
C’est vrai que les sujets liés à l’enseignement numérique sont très présents dans l’actualité, notamment avec les projets liés à l’école numérique ou à la question de l’apprentissage de la programmation informatique à l’école. Dans notre secteur, les pouvoirs publics via le Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ont investi 8 millions d’euros dédiés à la production de MOOC et au développement de la formation continue.
Comme nous l’avons dit précédemment le e-learning est en plein expansion. Après, en ce qui concerne le numérique, la France et l’Europe sont toujours en retard par rapport aux Etats-Unis.
La pérennité du MOOC fait débat : d’un côté déjà annoncé depuis un an comme dépassé, et de l’autre en évolution constante, avec les MOOCs de deuxième génération interactifs. S’agit-il d’un phénomène de mode, ou le MOOC dispose-t-il d’un confortable avenir ?
Des critiques ont été formulées sur deux points : d’abord, sur les faibles taux de validation par rapport aux nombres d’inscrits. Ensuite, sur le fait qu’une majorité des participants aux MOOCs étaient déjà diplômés du supérieur et donc que la démocratisation du savoir annoncée n’était pas nécessairement au rendez-vous. On peut discuter de ces critiques (par exemple, le faible taux de validation peut s’expliquer par l’existence d’auditeurs libres souhaitant suivre une session d’un cours), mais pour autant je ne pense pas qu’on abandonnera les outils qui ont été développés au cours des dernières années.
Pour nous, le plus important réside dans le développement d’outils collaboratifs, en ligne, permettant considérablement d’améliorer les offres d’e-learning actuelles. Les outils développés sont donc pérennes et il sera très intéressant de voir comment ils seront utilisés à l’avenir.