Axelle Lemaire, une certaine idée du numérique pour la France
La secrétaire d’Etat chargée du numérique Axelle Lemaire publiait la semaine dernière une tribune dans le Huffington Post intitulée « Construisons ensemble la République du Numérique ! ». L’occasion de poursuivre vigoureusement l’offensive en faveur d’un développement du numérique en France, un projet aussi audacieux que nécessaire, qui n’est pas sans se heurter à de fortes résistances.
Le numérique et la France, histoire d’une division
Axelle Lemaire dresse un constat ambivalent de ses premières rencontres avec les entreprises, associations, organismes publics et simples particuliers. Ce que la secrétaire d’Etat au Numérique nomme le « paradoxe français » désigne le fossé creusé entre les partisans du numérique et ses réfractaires : « J'ai perçu des réticences face à une réalité, le numérique, encore considéré comme un sujet réservé aux techniciens. J'ai ressenti des défiances exprimées par ceux qui craignent l'avènement d'un monde gadgétisé et excessivement consumériste, éloigné de l'économie réelle et facteur d'assèchement des rapports humains ». Axelle Lemaire semble vouloir secouer rudement la torpeur établie, en allant de l’avant : « Le "statu quo" est intenable, et il n'est pas souhaitable (…) Je crois en revanche que le progrès passe parfois par un renversement de l'ordre ancien, ce que le monde numérique appelle la « disruption ». Oui, cela suppose de secouer des professions bien établies, d'interroger les cadres réglementaires, de créer les brèches qui favoriseront l'émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux modèles ».
De l’audace, toujours de l’audace…
Après avoir rappelé les efforts du gouvernement en matière d’évolution numérique et la fameuse annonce d’un « grand plan national pour l’Ecole de la République », Axelle Lemaire aborde le domaine des Ed-tech : « Mon ambition est de faire du numérique un grand sujet politique, comme l'ont fait avant nous l'Estonie, la Corée du Sud, les Etats-Unis, Israël comme "startup nation" ou encore le Royaume-Uni. Et pour cela, notre programme d'actions doit se construire comme se construit le numérique : dans le langage des startups, ce projet serait "agile, user-centric and scalable" – autrement dit réactif, transversal, centré sur les citoyens, universalisable ». Des idées assurément salutaires, et nécessairement audacieuses, qui recoupent les récentes propositions du Conseil national du Numérique. Le Premier ministre vient dans la foulée de lancer une concertation sur le numérique, ouverte aux entreprises, associations, administrations et autres particuliers et animée par le CNN. Les résultats devraient contribuer à préparer le projet de loi numérique.
Une nouvelle fois, les déclarations d’Axelle Lemaire semblent converger vers une avancée nationale en matière de numérique. L’optimisme est ainsi de mise, une vertu nécessaire pour résister à la (longue) procédure législative classique qui devra suivre la concertation au début de l’année prochaine, et qui débouchera (peut-être) sur une nouvelle loi sur le numérique, avec en point d’orgue un décret d’application concret. Le tout pour 2016…