[Langues] Nao, le robot qui enseigne les langues aux réfugiés

Un professeur qui n’est jamais fatigué, ne dort jamais, toujours disponible, qui ne recule devant aucune difficulté et ne reçoit pas de salaire : cela n’existe pas. Il fallait donc créer un robot-professeur de langues, un objectif en cours de réalisation par le projet européen L2tor. Avec un but bien particulier : épauler les besoins énormes en éducation face à l’afflux de réfugiés du Proche-Orient.

Un robot dédié à l’apprentissage des langues

Face au million de migrants parvenus en Allemagne en 2015, le gouvernement allemand ne prévoit pas dans l’immédiat la création des dizaines de milliers de postes d’enseignants qui seraient nécessaires pour enseigner la langue de Goethe aux nouveaux arrivants. C’est pour tenter d’apporter une solution à ce problème cornélien que la Commission européenne a créé « Second Language Tutoring using Social Robots » (L2TOR, prononcé « el tutor ») en janvier 2016.

L2TOR repose sur un robot humanoïde, baptisé Nao. D’une petite taille – à hauteur d’enfant – Nao est spécifiquement conçu pour plaire à ces derniers, à la fois esthétiquement mais aussi « professionnellement ». Car Nao est un robot-professeur, imbu d’une vaste tâche : enseigner l’anglais et l’allemand en tant que deuxième langue, spécialement aux enfants de migrants. Il est l’œuvre d’un projet réunissant plusieurs universités européennes et turques, ainsi que la société française Aldebaran Robotics, qui le commercialise.

Apprendre les langues de manière ludique

Nao a déjà tout robot humanoïde professeur : il peut apprendre et enseigner, s’exprimer vocalement (avec une voix d’enfant) et avec des gestes « humains ». Le seul problème à résoudre est que Nao serait pour l’instant davantage dédié à faire cours dans un amphithéâtre face à des étudiants placides : il ne sait pas encore s’adapter à chaque enfant. Les chercheurs ont donc trois ans pour terminer de mettre au point Nao, qui devra sensiblement améliorer son intelligence émotionnelle avant de pouvoir commencer à faire cours.

Si le projet L2TOR peut paraître audacieux, il s’appuie pour autant sur des observations concrètes et prouvées. Avant tout perçu comme un jouet par les enfants, Nao capte l’attention facilement, et enseigne de façon ludique. C’est le principe même de la gamification, ou ludification en français, qui consiste à stimuler le plaisir procuré par le jeu pour apprendre de manière beaucoup plus efficace. Par ailleurs, Nao ne sera pas destiné uniquement aux enfants de migrants, mais aussi à tous les enfants ne parlant pas la langue de leur pays de résidence comme langue native.

Avec un coût estimé entre 5 000 et 6 000 euros, Nao serait (sera ?) vite rentabilisé, surtout en Allemagne, non pas pour faire de l’ombre aux professeurs en place, mais plutôt pour leur venir en aide. La profession officielle de Nao est d’ailleurs celle de « tuteur », plutôt que professeur.