Témoignages : Élise et Mélanie, enseignantes en Ile-de-France

Publié le 22/04/2020 à 11:15
Témoignages : Élise et Mélanie, enseignantes en Ile-de-France

En cette nouvelle semaine signant la fin des étranges vacances de Pâques pour les élèves de la région parisienne, nous retrouvons les témoignages d’Élise, professeure d’arts plastiques dans le Val-de-Marne, et de Mélanie, professeure des écoles dans l’Essonne, au sujet des dernières annonces gouvernementales. 

 

 

Educadis : Que pensez-vous des primes exceptionnelles versées aux fonctionnaires impliqués directement ou indirectement dans la crise du
coronavirus (1/5 des effectifs). Êtes-vous concernée ?

 

Élise : Je ne suis pas concernée mais je trouve que c’est une très bonne chose. Ces collègues ont été courageux et volontaires, il me semble normal qu’ils obtiennent une compensation. C’est bien que le gouvernement reconnaisse l’investissement des enseignant durant cette crise.

 

Mélanie : Verser une prime ponctuelle revient à valoriser un effort exceptionnel et à nier que les efforts sont faits toute l’année. Les revendications exprimées ces derniers mois par le personnel soignant (par exemple) demandaient des moyens pour pouvoir exercer ses métiers dans des conditions optimales. Nous avons assisté à l’illustration de ce à quoi mènent des coupes budgétaires répétées, avec la seule logique économique. Un pansement ne recoud pas une plaie béante. C’est encore une fois à côté des besoins du terrain. Les enseignants ne sont pas concernés par cette mesure. Les forces de l’ordre non plus, entre autres.

 

 

Educadis : La réouverture progressive des écoles, si l’évolution de la situation sanitaire l’autorise, est pour l’instant prévue pour le 11 mai.
Êtes-vous en accord avec cette décision, et sur sa faisabilité ?

 

Élise : Je suis très sceptique. Il est évident que le gouvernement souhaite que les élèves retournent à l’école pour que les parents puissent reprendre le travail. J’attends avec impatience l’annonce des règles sanitaires mises en place. Il est important de protéger les élèves et le personnel, que ce soit au sein du collège mais aussi au niveau des transports pour venir à l’école. Mes établissements sont situés en proche banlieue parisienne, les transports sont toujours bondés. Je m’interroge aussi sur les effectifs réduits en classe dont a parlé notre ministre : quels élèves viendront? Comment choisir et pourquoi? Tout cela est très flou et inquiétant. J’ai vu dans certains médias que des parents d’élèves ne sont pas du tout à l’aise avec cette décision et je les comprends.

 

Mélanie : Je suis pour que les missions d’apprentissage reprennent sens. La « continuité pédagogique » à distance a montré ses failles et ses limites et n’est en rien comparable à la vie d’une classe et à la richesse de ses échanges. La mise en place des « gestes barrières » m’apparaît très problématique, notamment parce que le savon déserte souvent les écoles tout au long de l’année, et parce qu’elles fonctionnent en collectivités permanentes. J’attends de voir ce qui sera annoncé avant d’avoir un avis tranché. Certains parents m’ont déjà fait savoir qu’ils ne remettraient pas leurs enfants à l’école car ils sont angoissés à cette idée. Enseignante en grande section, et fonctionnaire donc soumise aux décisions de l’Etat, je serai dans mon établissement le 11 mai prochain.

 

 

Educadis : Estimez-vous possible de boucler le programme scolaire de l’année (en télé-enseignement ou en présentiel) – et par conséquent de maintenir les vacances d’été ?

 

Élise : Non, je ne crois pas. En télé-enseignement, tout prend plus de temps et le suivi du programme en est bouleversé. Rien ne remplace le présentiel car les professeurs peuvent véritablement guider les élèves. Bien évidemment, je pense également aux élèves décrocheurs, à ceux dont les parents travaillent, à ceux qui sont allophones ou qui n’ont pas accès aux outils numériques. Il me semble impossible de maintenir le télé-enseignement car tous les élèves ne peuvent pas le suivre. En présentiel, cela me semble également compliqué de rattraper deux mois d’absence… Mais est-ce si grave?

 

Mélanie : Ces deux questions ne me semblent pas aller de pair. Les enseignants ont continué à travailler malgré le confinement donc le maintien ou non maintien des vacances scolaires n’est pas un sujet de débat. Dans la mesure où le télétravail n’équivaut pas le travail en classe, il n’a pas été possible de poursuivre l’avancée des programmes « normalement ». Il y a eu de nécessaires adaptations. D’autant que l’ordre avait été donné pour la première partie de confinement (trois semaines) de consolider les notions abordées jusqu’alors et de ne pas proposer de nouvelles compétences. Les vacances d’été sont encore relativement lointaines (dans deux mois et demi). Beaucoup de choses sont encore possibles. Tout dépendra des modalités de travail définies par le Ministère, du taux de présence des élèves et de leur disponibilité à travailler. Je ferai mon maximum pour donner aux élèves les clefs de leur réussite scolaire.


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