Télé-enseignement : témoignage d’Elise, enseignante (94)
Élise, professeur de collège (arts plastiques) dans le Val-de-Marne, a répondu aux questions d’Educadis au terme de sa première semaine de télé-enseignement.
Educadis : Comment s’est déroulée cette première semaine de confinement ?
Élise : Relativement bien, malgré un début stressant car les collègues et moi-même nous sommes rendus compte dès le début que les sites (Cartable en ligne, Pydio, Ownclowd, Prnote, etc.) et logiciels étaient saturés et / ou n’étaient pas assez efficaces. Les choses ont toutefois commencé à rentrer dans l’ordre assez vite. J’ai trouvé mon rythme de travail. Je communique avec mes collègues et mes élèves grâce à Pronote. Ces derniers m’envoient les productions artistiques par courriel. J’appréhende un peu car j’ai 600 élèves, il faut être très bien organisée.
Educadis : Quels sont les défauts des sites?
Élise : Les sites sont peu intuitifs, ils saturent très vite (trop de connexions en même temps) et ils supportent un poids très limité. Face à la très grande rapidité des évènements, nous n’avons pas eu le temps d’homogénéiser nos outils (Pronote, Padlet, Mail, etc). Certains parents envoient des messages disant qu’ils sont totalement perdus.
Educadis : Avez-vous le sentiment d’être suffisamment encadrée/informée par votre ministère de tutelle?
Élise : Non, nous n’avons que très peu d’informations. D’un certain côté, je peux le comprendre, la crise est arrivée tellement vite… Je pense que c’est difficile pour tout le monde, ministère inclus. Il a fallu cependant s’adapter très vite et de façon largement autonome.
Educadis : Quelles sont les inquiétudes exprimées par les parents?
Élise : Nous avons reçu plusieurs courriels expliquant qu’il était très compliqué pour eux de comprendre la cohérence des cours, car certains collègues donnent des travaux du jour pour le lendemain ; il existe trop de sites ou de logiciels différents en fonction des enseignants. Un courriel m’a particulièrement marqué. Celui d’une mère aide-soignante, seule, qui a quatre enfants dans quatre établissements différents… Nous recevons également des courriels de gratitude. Les parents savent que nous faisons de notre mieux, avec les outils que nous avons.
Educadis : Pensez-vous que l’année scolaire puisse se terminer normalement en juin – comme l’a annoncé hier le ministre de l’Éducation?
Élise : Je l’ignore mais je l’espère. A priori, il n’est pas question d’empiéter sur les vacances. Ça serait injuste car même si nous sommes chez nous, nous travaillons (j’ai entendu un collègue sur France Inter disant qu’il travaillait 50 h semaine ; je ne dois pas en être loin non plus). Le brevet et le bac sont maintenus, j’ignore si la date va être décalée. C’est une crise exceptionnelle et inédite, aussi nous devons nous montrer solidaires et faire au mieux pour maintenir la continuité pédagogique.