SIRHEN, le fiasco du système de gestion RH de l’Éducation
On connaissait LOUVOIS, le système de paie désastreux de la Défense; les projecteurs se fixent désormais sur SIRHEN, le système d’information des ressources humaines de l’Éducation nationale. Selon le rapport public annuel de la Cour des comptes mis en lumière par les Échos, l’échec est total, et la “modernisation dans l’impasse“.
SIRHEN, le logiciel à qui l’on demandait trop
L’histoire opérationnelle de SIRHEN remonte à son lancement en 2007, avec le désir légitime de l’Éducation nationale de remplacer les outils de gestion RH datant des années 80 et devenus largement ineffectifs. SIRHEN devait à la fois moderniser cette gestion et remplacer à lui seul tous les systèmes existant, afin de gérer les 1,1 millions d’agents du ministère. En plus des salaires, SIRHEN était censé superviser aussi la formation, l’évaluation, l’affectation et l’avancement de tous. Un programme audacieux, voire trop ambitieux, qui dès ses débuts s’est heurté à de nombreux problèmes, et des “dérives nombreuses” selon le rapport de la Cour des comptes.
À plusieurs reprises, la Cour des comptes à tenté d’alarmer sur la dérive en cours du logiciel, multipliant les rapports d’évaluation et jusqu’à un référé adressé le 16 décembre 2016 au ministère de l’Éducation nationale. En 2017 une tentative de relance s’est traduite par un échec complet, amenant à l’arrêt définitif du programme. Peu après cette piteuse fin, la Cour des comptes a enquêté pour analyser les raisons du désastre, constatant que “les recommandations qu’elle avait formulées dans ce référé n’avaient pas été mises en œuvre, ou très partiellement, et que le ministère avait échoué à redresser le projet“.
Retour aux anciens systèmes de gestion
Visiblement frustrée par ces avertissements non écoutés par le ministère de l’Éducation, la Cour des comptes n’est pas tendre dans son bilan de SIHREN: en 2018, “le ministère est revenu au point de départ pour moderniser son système d’information des ressources humaines”. En 13 années, le logiciel a coûté 400 millions d’euros, en pure perte. Parmi les causes évoquées figurent une “gouvernance introuvable“, des prestataires laissés sans contrôle, aucune contrainte financière pour stabiliser le projet, et de manière générale “un programme handicapé par les défaillances persistantes de sa conduite“.
Une lumière d’espoir réussit tout de même à poindre du rapport, avec depuis l’année dernière l’action du ministère de l’Éducation en faveur de la sécurisation de ses systèmes d’informations vétustes mais réutilisés depuis l’abandon de SIHREN, ce qui devrait tout de même prendre plusieurs années et rajouter encore 8 millions d’euros à une addition déjà salée. La Cour des comptes en profite toutefois pour tacler le Ministère : “Il est peu compréhensible que ces travaux d’un coût très modéré, pour un gain important de fiabilisation, n’aient pas été engagés plus tôt.” SIHREN, une histoire qui se termine en queue de poisson.
