Qu’est-ce qu’une “tenue républicaine”?

En évoquant la nécessité d’arborer une “tenue républicaine” à l’école, Jean-Michel Blanquer s’est attiré les critiques jusqu’au sein de son propre gouvernement. Il est vrai que l’expression semble difficile à interpréter concrètement, et ne renvoie à aucun règlement particulier dans l’histoire de l’Éducation. 

Pas de “tenue républicaine” dans l’histoire de l’Éducation

En matière de mode vestimentaire, le ministre de l’Éducation a récemment affiché son désir de voir les “élèves habillés d’une façon républicaine“, la démarche étant perçue comme un “enjeu d’égalité sociale puis de protection“. Toutefois, à vouloir manier des formules et concepts lissés et politiquement corrects, c’est courir le risque de perdre tout sens aux propos. Car si l’expression “tenue correcte” peut au moins globalement se comprendre, qu’est-ce qu’une “tenue républicaine”? La volonté sous-jacente d’intégrer le concept “d’école républicaine” à celui de code vestimentaire se révèle vide de sens, et ne renvoie à aucune référence historique.

Un “uniforme républicain” serait susceptible de renvoyer à un uniforme scolaire, mais même ce concept ne s’est jamais appliqué officiellement à l’École républicaine. Seule la blouse a pu être obligatoire dans le primaire avant la Ve République, mais surtout pour des raisons pratiques, les encriers pouvant se révéler fâcheusement salissants. Aucune trace cependant d’un règlement imposant le port d’un uniforme particulier, dans les écoles publiques du moins. À l’inverse, le principe de liberté – cette fois-ci bel et bien républicain – prêchait la liberté de pouvoir s’habiller librement.

Entre “tenue indécente” et “bon sens” à l’école

L’absence de sens profond aux propos du ministre de l’Éducation s’est vite attiré les railleries sur les réseaux sociaux, bientôt renforcées par les critiques au sein même du gouvernement. La ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, Élisabeth Moreno, a ainsi déclaré au Parisien qu’en “France, chacun est libre de s’habiller comme il veut», a-t-elle rappelé. «Les femmes ont mis des siècles à pouvoir s’affranchir de codes vestimentaires. Cette liberté conquise de haute lutte n’a pas de prix. C’est aussi un enjeu d’éducation des jeunes garçons, du rapport qu’ils entretiennent aux jeunes filles et lié aux valeurs de respect“.

La ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a pour sa part très clairement affiché son hostilité à M. Blanquer, en appelant à soutenir “l’appel du 14 septembre”, qui invite les lycéennes à s’habiller de manière “indécente” pour protester contre les mesures individuelles prises par des établissements scolaires.  Le président a pour sa part préférer éviter les problèmes en invitant simplement à faire appel au “bon sens“. Ce qui reviendrait à attendre des élèves une tenue non pas “républicaine”, mais tout simplement “correcte”.