Microsoft : le ministère de l’Éducation persiste
Un appel d’offres de 8,3 millions d’euros vient d’être lancé pour équiper en matériel Microsoft l’Éducation nationale et le Supérieur, comme le révèle Le Canard Enchaîné. Cinq ans après son premier partenariat avec le géant américain, l’État persiste ainsi dans son choix très largement contesté par les acteurs français du numérique.
Des logiciels américains pour l’Éducation
L’appel d’offres lancé cet été par les ministères de l’Éducation et du Supérieur vise à concéder les droits d’usage de solutions Microsoft, une démarche inhabituelle pour un appel d’offres, qui par nature est destiné à placer en concurrence plusieurs sociétés pour obtenir le meilleur avantage. Pour le Conseil national du logiciel libre (CNLL), qui est parvenu à se procurer les documents de l’appel, l’État continue de privilégier de manière assumée Microsoft, avec la volonté d’acheter une centaine de logiciels produits par le géant américain, destinés à équiper près de 800 000 ordinateurs.
Le Ministère de l’Éducation nationale s’est défendu de manière rationnelle, en arguant des précédents accords déjà établis avec Microsoft. Il s’agit ainsi d’actualiser les solutions digitales, plutôt que de recommencer à la base avec de nouveaux fournisseurs, ce qui provoquerait des dépenses autrement plus importantes. Mais plus que des questions commerciales, c’est surtout le choix renouvelé de poursuivre avec Microsoft qui suscite la colère des nombreux acteurs français ou même européens du marché du numérique, dont le CNLL, regroupant 200 sociétés impliquées dans la conception de logiciels.
Microsoft et l’Éducation, un partenariat durable?
Ce partenariat lucratif entre le public et le privé ravive une nouvelle fois la question des fournisseurs numériques de l’État. La relation entre le ministère de l’Éducation et Microsoft remonte à novembre 2015, avec à l’époque une convention signée pour un an et demi afin de supporter le fameux plan numérique initié sous le précédent quinquennat – et largement enterré depuis. Un investissement de 13 millions d’euros avait alors été réalisé, pour équiper gratuitement les établissements scolaires, le tout en faveur d’une société pratiquant copieusement l’optimisation fiscale.
Déjà critiqué en 2015, ce partenariat avait même terminé devant le tribunal de grande instance de Paris, afin d’en vérifier la légalité. La bataille juridique s’était achevée par une victoire de l’État, l’accord examiné ayant été déclaré licite. Certes, même si de nombreux logiciels sont produits en France et en Europe, Microsoft reste de loin depuis le siècle précédent le leader mondial en matière de bureautique. Le partenariat avec ce dernier devrait ainsi logiquement se poursuivre durablement.