L’ouverture des écoles, un combat français?
Invité au micro de RTL au sujet de l’ouverture des écoles, M. Blanquer a déclaré que les élèves français auront connu “l’année scolaire la plus normale au monde“. Même si la France fait effectivement partie des bons élèves en terme de durée d’ouverture, la réalité sur les dessous de cette prise de décision se révèle toutefois plus complexe.
Le confinement et l’École, cette “petite parenthèse“
Un an près le début de la pandémie, le retour en arrière est acté : les écoles sont de nouveau fermées. Une situation extrême qui devait être évitée par dessus tout, témoignant de la gravité de la situation sanitaire. La comparaison est toutefois singulièrement différente par rapport au premier confinement, de loin le plus dur des trois. La date des retours en cours est connue, en théorie du moins : le 26 avril pour les écoles maternelles et primaires, avec une semaine de cours en distanciel pour les collèges et les lycées. La réelle rentrée ne devrait toutefois pas avoir lieu début mai, puisque pour ces deux derniers “des jauges adaptées” sont prévues.
Pour M. Blanquer, cette stratégie représente “la solution de raison, une solution d’équilibre“. Le ministère de l’Éducation a ainsi souhaité ne pas “créer de rupture“, en s’appuyant sur les deux semaines de vacances normales. De quoi faire de ce troisième confinement une “petite parenthèse“. Une expression toutefois peu en rapport avec le quotidien des parents d’enfants en maternelle, pour qui la première semaine de distanciel ne recouvre aucune réalité concrète, alors que l’isolement des régions impose en revanche un confinement bien réel pour les familles éloignées.
L’ouverture des écoles à travers le monde
Les élèves français ont-ils connu l’année scolaire “la plus normale au monde“? Si l’expression peut sembler excessive au vu de l’année écoulée, elle correspond toutefois à une réalité bien française : les lycées ont par exemple perdu 39 jours d’école en 2020, soit beaucoup moins que la moyenne de 65 jours des pays de l’OCDE. Les collèges, écoles primaires et maternelles ont de même fermé beaucoup moins longtemps. Les chiffres de l’année 2021, en cours, devraient encore affirmer la supériorité française, puisque de nombreux pays, comme l’Allemagne, ont débuté l’année avec leurs établissements scolaires fermés.
Cette spécificité française repose toutefois sur une réalité moins glorieuse, à savoir le fort taux d’inégalités sociétales. La fermeture des écoles ne pouvant par nature que renforcer ces inégalités, le maintien de l’ouverture ne peut que faire partie des priorités absolues. À cela s’ajoute la nécessité de contribuer à la préservation de l’économie, avec des parents d’élèves fortement impactés en cas de fermeture. Cette stratégie intéressée souffre toutefois de lacunes, notamment avec des enseignants largement abandonnés durant la crise sanitaire, aussi bien sur le plan des tests que de la vaccination.