Les matières les plus délaissées au CAPES
S’il était nécessaire de prouver que le métier d’enseignant suscite de moins en moins d’engouement, les chiffres du CAPES ne trompe pas. Le nombre de candidats inscrits à la cession 2020 est en baisse de près de 8%. Parmi les filières les plus sinistrées figurent les sciences dures, dont les débouchés se révèlent autrement plus attractifs dans les autres secteurs d’emplois.
Les mathématiques en chute libre
Pour connaître les disciplines les plus en crise au CAPES, il suffit d’observer les taux de réussite les plus importants. Faute de candidats, la sélectivité diminue. Les mathématiques proposaient ainsi en 2019 de loin le plus grand nombre de postes (1 200). Avec seulement 2 120 participants aux épreuves et 972 admis, le concours offrait de très bonnes chances (45,85%) pour les postulants les mieux préparés. Le taux d’inscrits pour les disciplines scientifiques et économiques continue à chuter, avec – 17% pour les maths, – 15% pour la SVT, – 10% pour la physique-chimie, et – 23% pour les SES.
À l’inverse de ce constat, les sciences humaines attirent toujours autant les candidats, avec logiquement un taux de sélectivité plus important. En histoire 2 794 personnes s’étaient présentes pour les 542 postes offerts (19,40%). En philosophie, 1056 penseurs espéraient faire partie des 120 heureux élus (11,36%). Les Arts plastiques affichent également une sélectivité marquée, avec 855 présents aux épreuves et 120 admis (14,04%). En revanche les lettres classiques constituent l’épreuve la moins risquée de toutes les matières du CAPES, avec une sélectivité très légère : pas moins de 63 admis pour 108 personnes présentes aux épreuves, et moins de la moitié des postes pourvus (154).
Une sinistre logique économique
Comment expliquer de tels résultats? Plusieurs éléments tombent sous le bon sens. La crise de vocation pour l’enseignement des sciences dures et à l’inverse le grand nombre de candidats pour les sciences sociales s’expliquent par l’état du marché de l’emploi. Une formation scientifique ou économique offre des chances plus ou moins importantes de rapidement trouver un travail, avec une rémunération au moins convenable, bien supérieure au salaire d’un enseignant débutant – figurant parmi les pires d’Europe. Pour leur part les formations littéraires conduisant aux sciences humaines et sociales, depuis longtemps largement sacrifiées sur l’autel de la rentabilité économique, n’offrent que des débouchés pour le moins restreints, le principal étant celui de l’enseignement.
Pour prendre en exemple la seule discipline mathématique, la valorisation d’un master sur le marché de l’emploi offre des perspectives rémunératrices autrement plus alléchantes que le métier d’enseignant. Un ingénieur en mathématiques appliquées peut ainsi en moyenne espérer percevoir 3 000 euros brut en débutant. Un enseignant en mathématiques débutant devra pour sa part se contenter d’un très faible salaire de 1 800 euros bruts – bien loin du niveau de son collègue allemand. Avec par ailleurs la perspective de débuter dans les zones scolaires les plus difficiles de France.
Pour limiter les possibilités d’obtenir un poste à une chance sur deux, une autre discipline est en manque criant d’enseignants : l’allemand. Avec seulement 296 prétendants aux 250 postes proposés, la langue de Goethe a bénéficié à 150 admis (50,68%).