L’éducation dans l’Allemagne nazie
Dans l’Allemagne d’Adolf Hitler (1933-1945), le système éducatif était – comme toute la politique de la nation – cadenassé par l’idéologie nazie, prônant la supériorité de la prétendue race “aryenne”. L’historique enseignement humaniste était remplacé par un enseignement tendancieux et révisionniste, laissant la part belle aux activités sportives.
La biologie et le sport
A partir de 1933, les matières classiques de l’enseignement allemand (latin, langues, littérature théologie…) cèdent le pas face à la biologie, ou plutôt une science nationale-socialiste, dans les faits fort peu scientifique. Cette discipline tendancieuse s’applique à définir le principe d’une science des races humaines, avec une hiérarchie précise où bien sûr les Allemands font partie des peuples dominants, les “Aryens”, situés en Europe du Nord. Les manuels scolaires sont ainsi réécrits conformément à l’idéologie nazie.
L’épanouissement intellectuel des jeunes Allemands compte cependant bien moins que leur développement physique. Pour les dirigeants nazis mieux vaut éviter d’avoir des élèves trop cultivés et à même de réfléchir sur l’absence de fondements scientifiques du national-socialisme. Il est bien plus intéressant de les occuper par le sport, à travers un copieux programme d’activités physiques. Les lycéens allemands ont ainsi déjà le profil d’athlètes programmés pour obéir sans réfléchir, et de recrues idéales pour l’armée allemande.
L’histoire créée de toutes pièces
En 1938, le directeur de l’Enseignement supérieur allemand M. Edelmann déclare : “Le but de l’enseignement de l’histoire n’est pas de familiariser la jeunesse allemande avec les sciences historiques, mais de développer dans les jeunes gens les qualités que l’Etat peut utiliser dans le cadre de la communauté nationale“. Le message est clair et avoué : l’histoire sous le nazisme doit être au servir de la grandeur de l’Allemagne, c’est-à-dire être revue et corrigée pour correspondre aux exigences de la grandeur germanique.
Les “historiens” nazis imaginent ainsi cinq concepts, supposés refléter l’origine de la puissance allemande : la “race” des hommes nordiques, forcément la meilleure, la “nation” marquée par la destinée de grandeur, le “Reich”, l’ambition impériale d’une nation plus forte que les autres, “l’espace” vital destiné à s’accroître, et le “Führer” (guide), en l’occurrence Hitler, considéré comme le seul capable de faire progresser l’Allemagne vers son destin. Des théories pour le moins fumeuses, alors qu’ironiquement l’origine du nom “Allemagne” pourraient signigier “tous les hommes”, indiquant une zone géographique où se métissaient des peuples de toutes origines.
Source : Ernest Tonnelat, “L’organisation de l’enseignement en Allemagne occupée“, in Politique étrangère, 10e année (2), 1945, pp. 161 – 168.