Le système éducatif indonésien à l’eau
Le système éducatif de l’Indonésie prend l’eau… Au sens figuré, mais aussi au sens propre, avec la montée des océans qui condamne à court terme la côte nord de l’île de Java et la capital Djakarta. Les enquêtes internationales relèguent en bas de leurs classements aussi bien le niveau d’éducation des enfants que des adultes.
Un système éducatif en échec
Depuis son indépendance le 17 août 1945, l’Indonésie a fondé son système éducatif universel sur un fort patriotisme prêchant l’unité de la nation, doublé de la croyance en un Dieu unique. En conséquence, l’Indonésie apparaît désormais comme l’un des pays les plus religieux au monde, nanti d’un puissant nationalisme. Ces deux caractéristiques ne semblent toutefois pas suffire à nourrir les compétences des jeunes élèves, puisque la dernière édition du PISA pointait du doigt un classement catastrophique pour les écoliers indonésiens. Sur 70 nations évaluées, l’Indonésie était ainsi 62ème en sciences, 63ème en mathématiques et 64ème en lecture.
Moins connu que le célèbre PISA, le classement PIAAC réalisé par l’OCDE s’attache pour sa part à évaluer les compétences des adultes, entre 16 et 65 ans. Là encore, le tableau se révèle très sombre pour l’Indonésie. L’alphabétisation des adultes à Djakarta est plus faible que la moyennes des adultes de l’OCDE qui ne disposeraient seulement que d’une éducation primaire ! Et encore ne s’agit-il que des adultes indonésiens diplômés de l’université, et habitants de la capitale indonésienne ; ce qui en dit long sur les 85% restants de la population nationale.
La montée des océans jusque dans les salles de classe
Le réchauffement climatique, toujours remis en doute par les plus dubitatifs, se traduit bel et bien par une réalité concrète sur l’île de Java : la mer monte de 10 cm chaque année. Une menace immédiate pour la côte nord de l’île, où de nombreux villages sont déjà en partie submergés. C’est le cas d’Api-Api, inondée depuis six ans, et condamné à terme. Néanmoins 4 500 personnes continuent à y vivre, faute de moyens pour partir. L’école s’effectue ainsi sur l’eau, les salles de cours étant immergées comme tous les bâtiments. Outre l’incommodité flagrante, les élèves s’exposent à de multiples maladies, et en particulier au choléra.
La capitale Djakarta n’échappe pas à la montée des eaux. Son avenir est même tracé : la capitale va déménager. Ou plutôt, une nouvelle Djakarta va être créée ex-nihilo hors de l’île de Java condamnée, sur la grande île de Bornéo, dans la province de Kalimantan. Le défi s’annonce gigantesque, puisque la capitale actuelle abrite 30 millions de personnes, et que le futur site de la nouvelle ville se trouve actuellement en pleine forêt tropicale – de quoi au passage augurer un désastre écologique.
La disparation de Djakarta se déroulera de manière progressive, les inondations étant attendues sur une distance de 50 km les 30 prochaines années. En 2050, un tiers de capitale devrait se retrouver sous la mer.