La pandémie, révélatrice de la fracture numérique mondiale
Si la diffusion de l’elearning a largement profité de la crise sanitaire en 2020, tout le monde n’en a pas profité pour autant. Un rapport de l’ONU pointe ainsi du doigt la puissante fracture numérique qui existait déjà à travers le monde entre les nations les plus riches et les plus pauvres, et qui n’a fait qu’empirer cette année.
Un écart numérique aggravé entre les pays
La COVID-19 a touché tous les continents, fermant les écoles à une échelle inédite à travers le monde, et menaçant l’éducation. Les pays les plus riches se sont rapidement adaptés pour assurer la continuité pédagogique grâce notamment à l’elearning, avec une aisance foudroyante pour les plus en pointe dans ce domaine (Chine, États-Unis). À l’inverse, les pays les plus pauvres, démunis d’équipements en nombre suffisant et mal desservis par le haut débit, se sont retrouvés quasiment à l’arrêt. C’est le cas de l’Afrique subsaharienne, dont 90% n’ont pas d’ordinateur a domicile, et 82% ne peuvent se connecter à internet.
Pour la directrice de l’UNESCO, madame Audrey Azoulay, la situation est pour le moins inquiétante : “Malheureusement, l’ampleur et la rapidité de la perturbation actuelle de l’éducation à l’échelle mondiale est sans précédent et, si elle se prolonge, cela pourrait menacer le droit à l’éducation“. Ainsi, si l’un des effets positifs de la pandémie fut de mettre en lumière les effets bénéfiques voire décisifs de l’elearning dans l’éducation, le revers de la médaille fut d’aggraver encore davantage la fracture numérique avec les pays les plus pauvres. Un autre responsable de l’UNESCO déclare ainsi : “Une crise de l’apprentissage existait déjà avant que la Covid-19 ne frappe. Nous sommes maintenant confrontés à une crise de l’éducation qui divise encore plus et qui s’aggrave”.
La radio pour maintenir la continuité pédagogique
À défaut de haut débit, d’ordinateurs et de smartphones, plusieurs pays d’Afrique se sont adaptés avec ce qui permet d’atteindre le plus de personnes possibles à un moindre coût : la radio. Des millions d’élèves ont ainsi pu s’accrocher à une relative forme de continuité pédagogique, comme au Soudan du Sud. Radio Miraya, une source d’informations qualitative gérée par l’ONU, s’est ainsi lancée dans la diffusion de programmes éducatifs à destination des élèves privés d’école. Pour sa part, Radio Okapi, toujours contrôlée par l’ONU, a permis de relayer les programmes scolaires dans la République démocratique du Congo.
Selon le chef de l’éducation mondiale à l’UNICEF, Robert Jenkins, la fermeture des écoles s’est révélée économiquement largement contre-productive : “Ce que nous avons appris sur la scolarisation pendant la période de Covid est clair : les avantages de garder les écoles ouvertes, dépassent de loin les coûts de leur fermeture, et les fermetures d’écoles à l’échelle nationale devraient être évitées à tout prix“. Un raisonnement qui ne laisse certes aucune place pour les considérations sanitaires.