Enseignant, un métier qui n’attire plus

Publié le 10/01/2020 à 19:16
Enseignant, un métier qui n’attire plus

Les concours du recrutement de l’Éducation nationale attirent de moins en moins de candidats. S’il était besoin de le prouver, l’image de l’enseignant privilégié ne repose sur aucune statistique pointant du doigt un quelconque engouement, alors même que les besoins augmentent. Les raisons sont aussi multiples que logiques. 

 

 

Des concours désertés et moins exigeants

 

Depuis dix ans, les inscriptions au CAPES sont en chute continue pour presque toutes les matières. Si près de 3 800 postulants s’inscrivaient par exemple au concours de mathématiques en 2008, ils n’étaient plus qu’à peine 2 000 en 2018. Le constat est le même pour les candidats aux postes de professeur des écoles. La baisse la plus frappante s’est effectuée entre 2009 et 2011, suite à l’entrée en vigueur de la réforme des concours, imposant la détention d’un master au lieu d’une seule licence. Un léger rebond s’est effectué jusqu’en 2014, avant de repartir à la baisse, doucement mais sûrement.

 

La conséquence de cette désaffection des concours concerne la sélection au CAPES, fortement revue à la baisse selon les matières les moins attractives. L’année dernière plus du quart (27%) des candidats au CAPES se sont vus admis, bien loin du niveau de sélection pratiqué dix ans plus tôt (17%). Dans les disciplines les plus impactées par le manque de candidats (mathématiques, allemand, lettres modernes…), il y avait en 2019 une chance sur deux d’être admis, soit une très importante probabilité pour un concours public. Même avec cette révision à la baisse du niveau exigé, plusieurs matières (lettres classiques) sont loin d’avoir comblé les postes proposés. Près d’un tiers des candidats dans le primaire sont désormais admis, soit le double d’il y a dix ans.

 

 

Un manque d’attractivité évident

 

Outre la perspective parfois peu réjouissante de devoir débuter sa carrière dans des établissements défavorisés, le nerf de la guerre – l’argent –  rebute massivement les candidats. La réforme de l’ère Sarkozy avec le master a fait fuir nombre de prétendants, peu motivés pour étudier deux années de plus et débuter un métier avec un salaire bien inférieur à 2 000 euros. C’est notamment le cas pour les mathématiques, ou un détenteur d’un master peut espérer trouver un travail dans le privé sans passer de concours et avec un salaire deux à trois fois supérieur que dans l’enseignement. Aujourd’hui le salaire d’un enseignant n’est supérieur que d’un tiers du SMIC, alors qu’il était du double au début des années 1990.

 

Les bas salaires et les difficultés inhérentes à la vie en région parisienne provoquent une sérieuse crise des effectifs en particulier pour les recrutements franciliens. Alors que les besoins ne font qu’augmenter en particulier dans le primaire, les académies de Paris, Créteil et Versailles ne sauraient se permettre une sélectivité marquée aux concours. Résultat, presque deux-tiers des prétendants ont obtenu un poste d’enseignant dans le primaire l’année dernière, soit trois fois plus qu’il y a dix ans. Mais malgré la baisse du niveau attendu, un quart des postes sont restés vacants.

 

 

La seule véritable erreur est celle dont on ne retire aucun enseignement.” – John Powell. 


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