[Éducation] Trois éléments pour expliquer la réussite de l’éducation nationale finlandaise
Selon le rapport Human Capital Index 2015, la Finlande se classe en première position mondiale en termes de capital humain (aptitude de l’individu pour le travail). Le pays fait également partie des meilleures nations pour l’éducation de ses élèves. Parallèlement, la Finlande rencontre une sérieuse récession économique, avec un taux de chômage en nette hausse. Pär Stenbäck, ancien ministre de l’Éducation nationale finlandaise, éclaire ce paradoxe de trois explications.
Système éducatif à succès, modèle économique malade
Depuis le début des années 2000, le système éducatif finlandais brille dans les classements internationaux, malgré une légère baisse régulière. L’impitoyable programme PISA classait en 2013 la Finlande dans les dix premières nations en lecture et en science, et en 2014 le groupe multinational Pearson érigeait la nation scandinave à la cinquième place mondiale en termes généraux d’éducation. La Finlande détonne régulièrement par ses spectaculaires mesures éducatives, en supprimant l’écriture attachée ou encore l’enseignement par matières distinctes, et en accordant une vaste place aux TICE.
Dans le même temps, la Finlande traverse depuis 2012 des turbulences économiques sérieuses, victime d’un déficit commercial marqué, d’un chômage en hausse, d’un vieillissement de la population et d’une forte dépendance économique envers la susceptible Russie. Pour Pär Stenbäck, ministre de l’Éducation de 1979 à 1982, les raisons sont avant tout immanentes aux valeurs nationales.
De l’éducation finlandaise : Liberté, Égalité, Vocation
- 1. Selon les conceptions de Pär Stenbäck, la Finlande s’est puissamment investie depuis un siècle dans son éducation nationale, reflet de la fierté issue de l’indépendance obtenue en 1917 aux dépends de la Russie. « L’Éducation et l’apprentissage doivent être partie prenante de la culture nationale, respectée et admirée ».
- 2. Le système éducatif finlandais prêche certes l’efficacité, mais aussi l’égalitarisme. « N’oublier aucun enfant ! », un slogan finlandais adopté bien avant le célèbre « No Child Left Behind Act » américain de 2001. Les élèves en difficultés doivent être patiemment amenés au niveau moyen de la classe par les professeurs et les assistants d’éducation, afin d’éviter les trop forts contrastes avec les meilleurs élèves.
- 3. La profession d’enseignant ne saurait être un métier comme un autre, mais relève du sacerdoce. Un postulant finlandais sur dix est retenu aux concours de l’éducation, où la motivation personnelle, le sentiment de vocation et la passion pour l’éducation priment.
Même si la comparaison des modèles éducatifs entre nations est obligatoirement malaisée du fait de critères sociaux-culturels divergents, le rapprochement avec l’éducation française porte à réfléchir. Selon une récente étude, le slogan « N’oublier aucun enfant ! » semble s’éloigner du système français, où l’écart entre les élèves les plus socialement défavorisés et les plus chanceux n’a jamais été aussi criant.