Education : 11 suicides depuis la rentrée
En l’espace de deux mois 11 personnels de l’Éducation nationale se donnés la mort, selon des chiffres communiqués par le ministère de l’Éducation. Même si le taux de suicide des enseignants est officiellement deux fois moindre que la moyenne nationale, plusieurs doutes planent sur les chiffres réels et la non prise en compte des tentatives de suicides.
Les suicides dans l’Éducation plus bas que la moyenne nationale ?
Au total 11 membres de l’Éducation nationale se sont suicidés depuis la rentrée 2019, un phénomène touchant aussi bien les hommes (5) que les femmes (6). Au cours de l’année scolaire 2018-2019, pas moins de 58 agents de l’Education nationale ont mis fin à leurs jours, dont 37 hommes et 21 femmes. Ces données concernent l’ensemble du personnel de l’Education nationale, incluant les enseignants et le corps administratif (soit près d’un million de personnes).
Ces chiffres viennent d’être communiqués par le ministère de l’Éducation nationale, qui s’est aussitôt d’empressés d’ajouter que le total restait ” très en dessous de la moyenne nationale “. Effectivement, les suicides dans l’Éducation nationale représentent 5,85 personnes pour 100 000, soit deux fois que la moyenne nationale : 12 : 100 000. Le ministre M. Blanquer a tout de même promis la mise en place d’un système de ” gestion des ressources humaines de proximité ”, afin que tout membre de l’Éducation nationale puisse être accompagné à moins de 20 minutes de son école.
Un défaut criant de médecins dans l’Éducation
Aussi modérées puissent sembler ces données par rapport au niveau national, leur pertinence est toutefois remise en cause notamment par le Syndicat national des lycées et collèges (SNALC), qui s’interroge du vaste écart constaté par d’autres études comme celle de l’INSERM. En 2002, cet institut parvenait ainsi au total inquiétant de 39 suicides pour 100 000 personnes, soit 2,4 fois plus que la moyenne générale de l’époque. Les conditions de travail de l’enseignement ne s’étant guère améliorées depuis, la pertinence des données ministérielles semble effectivement questionnable.
Un autre aspect des chiffres officiels concerne l’absence de prise en compte des tentatives de suicide, de même que l’idée même du passage à l’acte. Or, selon le baromètre de Santé publique, l’Enseignement fait partie des catégories professionnelles les plus touchées par les idées suicidaires. Dans le même temps l’Éducation compte un nombre de médecins du travail extrêmement bas, avec seulement 87 professionnels pour près d’un million de personnes. Bien qu’en théorie une visite soit obligatoire tous les cinq ans, dans les faits nombre d’enseignants n’en voient aucun tout au long de leur carrière.
Le manque de médecins du travail dans l’Éducation nationale s’explique avant tout par le manque d’attractivité économique (4 500 brut au mieux), très loin des revenus potentiels dans le privé.
