BREVET : 200 copies en basque malgré l’interdiction
Les langues régionales à l’école : un débat de plus en plus houleux, alors que 200 élèves du Pays Basque rendent leur copie de sciences rédigée dans leur deuxième langue natale. En cause des textes législatifs contradictoires et peu en rapport avec la réalité du terrain.
Pas de langue basque pour les sciences au brevet des collèges
Au total 200 élèves des écoles immersives du Pays basque ont décidé de rendre leurs copies de sciences dans la langue de leur région, en violation des consignes du rectorat. Deux textes législatifs sont à la base de cette contestation. À l’origine, l’article L121-3 du Code de l’éducation impose la langue française comme référence pour l’Éducation. Toutefois, une circulaire de 2017 autorise spécifiquement les élèves du Pays basque à écrire dans leur deuxième langue native leurs examens d’histoire et de mathématiques. En revanche l’épreuve de sciences, rajoutée en 2018, n’a pas bénéficié de cette exception – sans autre explication.
Cette particularité devient ubuesque lorsque l’on sait que certains professeurs de physique-chimie enseignent tout au long de l’année en langue basque. Pour les élèves obligés de composer leur examen en français, il peut ainsi être nécessaire de traduire au préalable les cours d’une langue à l’autre, afin d’éviter d’être dépassé par ce type problème périphérique le jour de l’examen. Une démarche qui peut prendre du temps pour les formules techniques, voire constituer un sérieux casse-tête.
Les langues régionales à l’école : une menace?
Malgré plusieurs manifestations, le rectorat demeure intransigeant, répondant à une ligne politique définie par le ministre Blanquer. Ce dernier craint effectivement que «l’enseignement immersif sans limite (puisse) poser problème“, comme confié à Ouest-France. Avec en sombre perspective la possibilité de voir le basque devenir la langue principale d’éducation – au moins dans les écoles immersives, ces dernières ne représentant au demeurant qu’un nombre infime d’élèves.
Au total seulement 15 000 élèves français sont inscrits dans des établissements immersifs, en majorité en maternelle et dans le primaire, et pour la plupart en Pays Basque et en Bretagne. De moins en moins de jeunes Basques reçoivent une éducation linguistique familiale, l’école demeurant souvent le seul vecteur. La menace d’une prédominance des langues régionales à l’école sur le français, même dans les régions les plus affirmées, est donc encore bien loin d’être une réalité.