L’écriture du japonais remplacée par les outils numériques
Smartphones, tablettes tactiles, ordinateurs… Toutes ces machines qui facilitent la vie ont également leurs inconvénients. En Asie de l’Est, ils sont des millions à avoir perdu l’habitude d’utiliser un stylo pour rédiger une simple phrase, du fait d’avoir trop recours aux outils technologiques. Ce constat est évidemment plus flagrant chez les jeunes, qui sont nés dans l’univers du tout numérique. A 23 ans, l’étudiant Akihiro Matsumura avoue même à l’AFP que parfois, il « ne prend plus de notes en cours », mais il « prend juste une photo du tableau » avec sa tablette. Cela peut avoir de lourdes conséquences, et notamment lorsqu’il travaille dans la boutique électronique qui l’a embauché à mi-temps : « Il m’est arrivé que devant un client, je ne savais plus écrire un idéogramme. Je me remémorais de sa forme en gros, mais pas tous les traits ». Il est vrai que certains de ces symboles graphiques comportent énormément de détails. Le manque de pratique s’avère donc fatal.
Entre progrès et perte de tradition
Pour une partie des observateurs, cette dérive est très inquiétante. Elle peut-être analysée comme un effacement de la tradition historique et culturelle. Mais également comme la perte d’un savoir fondamental. Pour d’autres, avoir oublier comment écrire sa propre langue peut être perçu comme un progrès, dans le sens où cela libère le cerveau pour d’autres apprentissages, comme les langues étrangères. En revanche, Naoko Matsumoto, professeur de droit à l’université Sophia, à proximité de Tokyo, tempère en précisant à l’AFP que de nos jours « savoir écrire le japonais à la main et à la perfection est moins indispensable qu’auparavant ». Dans le Japon du futur, savoir écrire ne fera peut-être plus partie des fondamentaux, mais des compétences optionnelles…