[TICE] Intelligence artificielle : l’assistante d’éducation qui n’existait pas
C’est l’histoire de Jill Watson, professeure assistante dans une université américaine, un poste académique équivalent aux chargés de TD en France. Cette jeune femme était chargée de correspondre par mail avec les étudiants et de répondre à leurs questions tout au long de l’année, tâches brillamment réalisées. Sauf que Jill Watson… n’existe pas.
Une assistante universitaire presque normale
A l’origine, il y a Ashok K. Goel, professeur d’intelligence artificielle au renommé Georgia Institute of Technology. Ses recherches portent particulièrement sur le développement d’une forme d’intelligence artificielle capable de reproduire la créativité humaine, et donc de produire en autonomie des actions et interactions avec les humains. Ashok Goel a réussi à mettre au point un programme d’intelligence artificiel répondant à ses attentes. Et pour le tester, le professeur a de la suite dans les idées.
Puisque son programme est censé produire une activité créatrice et interagir avec des personnes, il fallait lui trouver un nom – et un sexe. Ce fut donc une femme, baptisée Jill Watson. Ainsi née, la jeune femme avait besoin de trouver un emploi cadrant avec sa nature. Les universités américaines emploient de nombreux étudiants comme assistants de professeur, pour notamment les décharger des tâches administratives (20 000 mails à traiter par année universitaire). Ashok Goel emploie donc Jill Watson, qui est officiellement présentée par mail aux étudiants en début d’année. Sauf que ceux-ci ignorent tout de sa véritable nature artificielle.
Une intelligence artificielle plus vrai que nature
Jill Watson se met aussitôt au travail, à savoir répondre aux mails plus ou moins angoissés des étudiants du cours d’intelligence artificielle d’Ashok Goel. Avec l’expérience, ce dernier avait remarqué que les mêmes questions avaient fatalement tendances à se répéter. Le professeur avait donc patiemment rassemblé avec son équipe 40 000 questions types, et les réponses logiquement attendues. Mademoiselle Watson était donc capable de traiter automatiquement toutes les questions, avec l’exacte réaction d’une véritable assistante universitaire.
Et les étudiants de Goel s’y sont parfaitement laisser prendre. En dehors du fait de ne jamais voir l’assistante en personne – ce qui pour ce type de poste était normal, les retours à leurs messages étaient clairs, que Watson sache ou non la réponse, « humaines », en quelque sorte. Voire peut-être un peu trop parfaites, puisqu’étonnamment réactives, à n’importe quel moment de la journée et de la semaine… De quoi donner à des élèves un peu plus méfiants que les autres des doutes sur cette assistante un peu trop idéale. La stupéfaction n’en a pas moins été bien réelle lors de la révélation finale.
Ashok Goel renouvellera bientôt son expérience d’intelligence artificielle, mais, la surprise étant éventée, il emploiera cette fois-ci une nouvelle recrue numérique, au milieu de véritables assistants. A charge pour les élèves de tirer le vrai du faux.