[Supérieur] Les universités japonaises face au défi démographique
Avec une espérance de vie toujours plus importante et une population vieillissante, le Japon connaît de sérieux défis démographiques, qui affectent aussi son système universitaire. Paradoxalement la capitale Tokyo attire toujours plus d’étudiants, créant une vaste asphyxie sur les plus petites villes et les zones urbaines.
Une population de plus en plus âgée
Les problèmes démographiques s’amoncellent dans le Pays du Soleil Levant. Sa population vieillit, décline, et ne se renouvelle pas. La proportion des personnes en âge de travailler ne cesse de diminuer, alors que le Japon possède la meilleur espérance de vie du monde : 83,7 ans (86,8 ans pour les femmes). Ces données laissent évidemment planner de nombreux soucis économiques, notamment pour le paiement des retraites.
Ce déclin démographique se traduit par une grave menace à court et moyen terme pour les universités nipponnes, notamment les moins cotées. Le nombre de jeunes japonais de 18 ans pouvant potentiellement prétendre à l’entrée en université ne cesse de reculer, et devrait passer sous la barre symbolique du million à l’horizon 2031 – soit moins de la moitié du pic historique de population atteint en 1991.
L’attirance des étudiants pour Tokyo
En parallèle à ce déclin, la capitale Tokyo connait à l’inverse une augmentation régulière de ses étudiants, avec + 18% au cours de la dernière décennie. Les autorités japonaises déplorent ce phénomène de drainage des jeunes étudiants, qui le plus souvent ne retournent pas chez eux. Le gouvernement s’est ainsi lancé dans une série de mesures visant à désengorger la capitale, et redonner de l’air aux autres universités japonaises privées d’étudiants.
Parmi ces réformes figure l’interdiction de construire toute nouvelle université à Tokyo. Si auparavant les universités pouvaient excéder leurs quotas de 20% sans conséquence, cette attitude auparavant banale s’est vue finalement privée d’aides économiques gouvernementales, puis est dorénavant largement interdite. En 2016, près de la moitié des 604 universités privées du Japon avaient dépassé leurs quotas, au détriment direct des établissements des petits villes et des zones urbaines.
Si les meilleurs universités nippones ne connaissent pas la crise, pour les autres moins prestigieuses et situées dans des villes moyennes ou petites, le problème démographique japonais est déjà une réalité. Ainsi en 2015, ce sont 243 universités qui opéraient dans le rouge budgétaire.