Serious Game Forum : 27 janvier 2020
L’École militaire accueille la deuxième édiction du Serious Game Forum, l’occasion de mettre en lumière le “jeu de guerre”, peu connu en France comme de manière générale les serious games. Cet outil pédagogique possède pourtant de multiples avantages pour l’éducation, prouvés depuis maintenant plusieurs années.
Le serious game dans l’apprentissage
Le principe du serious game consiste à combiner une activité pédagogique avec des mécanismes de jeux (gamification). L’acte de jouer sollicite la production d’endorphines, impliquant de multiples avantages pour la rétention d’informations. Le joueur prend ainsi du plaisir dans son activité, tout en apprenant. Si certains jeux vidéos peuvent présenter un intérêt éducatif secondaire, les jeux sérieux sont spécifiquement conçus sur le fond dans une optique éducative. Ils reprennent sur la forme les codes du gaming, en utilisant par exemple des niveaux de jeux à déverrouiller, et des récompenses virtuelles pour le joueur.
Bien que possédant un intérêt éducatif scientifiquement prouvé, le serious game reste encore peu utilisé dans l’hexagone, aussi bien dans l’Éducation que dans la formation professionnelle. Une défiance bien spécifiquement française lorsqu’il s’agit de faire évoluer les codes rigides de l’apprentissage. Aux États-Unis en revanche, terre d’innovation et d’audace numériques, le marché du serious game croît de près de 20% chaque année, boosté notamment par la popularité du mobile learning auprès des entreprises. De 2,7 milliards de dollars de CA en 2017, le marché du serious game est ainsi attendu à près de 10 milliards à l’horizon 2023.
La stratégie militaire en wargame
Le serious game se décline en de multiples formes, avec des jeux numériques ou non, tel le wargame. Ce dernier consiste à modéliser des scénarios stratégiques et tactiques de conflits sur des cartes, afin d’à la fois former les joueurs et aussi de proposer des hypothèses sur d’éventuels conflits futurs. Le “jeu de guerre” existe depuis l’Antiquité, mais a surtout été codifié par les Allemands depuis le XIXe siècle sous le nom de Kriegsspiel. De nombreuses armées à travers le monde, notamment les États-Unis, l’utilisent régulièrement pour former leurs jeunes officiers d’état-major et se préparer à tous les scénarios imaginables. Le wargame demeure encore assez marginal dans l’armée française – pour les mêmes raisons évoquées précédemment.
Le 27 janvier se déroulera la deuxième édition du Serious Game Forum à l’École militaire de Paris (amphithéâtre Foch), soutenue par l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN). L’événement s’adresse en particulier aux universitaires et acteurs militaires, mais aussi de manière générale à toute personne intéressée par cette activité pédagogique. Le programme inclut plusieurs ateliers sur la manière de concevoir un jeu de guerre et enseigner la stratégie par le jeu. L’entrée est libre mais nécessite au préalable une inscription en ligne avec pièce d’identité.
Le 5 juin 1944 se déroulait à Rennes un kriegsspiel auquel participaient bon nombres d’officiers supérieurs allemands affectés en Normandie – et absents quelques heures plus tard lors du débarquement des Alliés. Le sujet de ce kriegsspiel était justement de réfléchir aux meilleurs scénarios afin de contrer un débarquement allié en France…
