E-learning, djihad et terrorisme : accordances menaçantes
Ce n’est en rien un scoop : internet est vecteur du meilleur comme du pire. L’e-learning n’échappe pas à la règle. Capable de combattre le virus Ebola, l’éducation à distance s’adapte aussi dangereusement à la propagande des groupes terroristes internationaux. Dans un contexte de montée en puissance des phénomènes de « cyberdéfense » omniprésents dans les conflits modernes, l’e-learning représente un outil assurément redoutable dans des mains aussi malintentionnées qu’ingénieuses. Distance-educator.com publie les conclusions de deux universitaires de l’université de Clayton State, Rodger Bates et Mara Mooney.
E-learning et terrorisme
Si la cyberdéfense constitue un nouvel enjeu de perspectives géostratégiques pour les nations, l’e-learning devient à son tour un outil menaçant entre les mains de groupes terroristes de plus en plus sophistiqués. La propagande s’adapte avec une redoutable efficacité au format de l’e-learning, permettant de diffuser des « enseignements » et de toucher un public colossal partout dans le monde. Les plateformes de contenus et de réseaux sociaux forment autant de moyens de communications et de transmissions de « savoirs », et de créations de groupes culturels et identitaires. Même si des contrôles et autres restrictions existent, comme le rappellent les auteurs « la vaste majorité des contenus éducatifs disponibles sur internet n’est ni régulée ni censurée ». Des conditions idéales pour disséminer très efficacement des textes, images, sons, vidéos et autres tutoriels. Du matériel « éducatif » de plus en plus travaillé, avec un véritable et sinistre travail de marketing à l’appui, et par conséquent de plus en plus impactant. Un résultat final illustré par la multiplication de sites internet, abondamment illustrés de vidéos marquantes et/ou choquantes.
Universités virtuelles du jihad
Plusieurs groupes terroristes développent d’ores et déjà leurs propres « offres » d’e-learning. Des universités terroristes virtuelles proposent des formations électroniques au djihad ou encore des initiations à la manipulation des explosifs, le plus souvent gratuites, et accessibles par des forums plus ou moins confidentiels. A l’instar des MOOCs, l’objectif est « d’éduquer » l’apprenant sur des sujets particuliers, en décentralisant les cours. L’intérêt du procédé est particulièrement rentable (redoutable), permettant une accessibilité démultipliée et le plus souvent confidentielle. Des e-books sont de même disponibles, encyclopédies du djihad ou encore manuels d’utilisation d’armements et de confection d’explosifs, parfois redoutables avant tout pour les apprenants Des outils virtuels qui ne remplacent certes pas toujours la pratique, mais demeurent pour autant particulièrement inquiétants. Si ces universités terroristes n’en sont pas à délivrer des diplômes terminaux, les « enseignements » peuvent être concrètement mises en œuvre partout, par des groupes structurés ou des individus isolés (« loups solitaires »).
E-learning contre Ebola, e-learning aux mains des groupes terroristes : une illustration dichotomique du potentiel absolument colossal de cette forme d’apprentissage, aussi bénéfique pour les idées les mieux intentionnées, que destructrice dans les consciences les plus noires.
