Aux origines de l’e-learning : “As We May Think” (2)

Publié le 21/08/2020 à 11:42
Aux origines de l’e-learning  : “As We May Think” (2)

En juillet 1945, Vannevar Bush publie son article As We May Think, quelques jours avant le double bombardement nucléaire du Japon – dont il est l’un des maîtres d’oeuvre. Après avoir dirigé plus de 6 000 scientifiques dans l’effort de guerre, Bush s’interroge sur la suite pacifique à donner à ce formidable potentiel : “Que vont faire les scientifiques à présent?“. 

 

 

Memex, une bibliothèque intelligente virtuelle

 

Lorsque Vannevar Bush publie son article à l’été 1945, le premier ordinateur américain, l’ENIAC, n’est pas encore entré en service – et le Colossus britannique est une réalisation ultra-secrète pour encore un demi-siècle. Le scientifique imagine ainsi un ordinateur analogique, encore impossible à matérialiser, qu’il baptise “Memex” : “Un memex est un appareil dans lequel un individu stocke tous ses livres, registres et communications, et qui est mécanisé de manière à pouvoir être consulté avec une rapidité et une flexibilité très importantes. C’est un complément intime élargi à sa mémoire.” Le Memex peut contenir des livres, des journaux, des images, projetées sur un écran. “Si l’utilisateur souhaite consulter un certain livre, il tape son code sur le clavier, et la page de titre du livre apparaît rapidement devant lui, projetée sur l’une de ses positions de visualisation.

 

Fonctionnant avec des microfilms, le Memex n’est pas simplement une bibliothèque virtuelle, mais il permet de créer des relations entre les différent documents consultés. “Il permet une étape immédiate vers l’indexation associative, dont l’idée de base est une disposition par laquelle tout élément peut être amené à volonté à en sélectionner immédiatement et automatiquement un autre. C’est la caractéristique essentielle du Memex. Le processus consistant à lier deux éléments ensemble est l’élément fondamental“. Le Memex est ainsi doué d’automatisation intelligente, une préfiguration de la révolution d’internet. L’appareil tel qu’imaginé par Bush tient sur un bureau – contrairement aux premiers ordinateurs emplissant tout une salle et dépassant la tonne – avec une série d’appareils électromécaniques permettant de mettre en oeuvre et de projeter les microfilms.

 

 

Une vision de l’hypertexte et du web?

 

Même si le Memex de Bush permet d’associer deux éléments virtuels, il ne préfigure pas directement la navigation hypertextuelle actuelle. Les documents ne sont pas reliés entre eux par un lien placé sur un mot ou une image. Le scientifique imagine plutôt un “chemin” logique d’associations entre les documents, qui dépend de l’utilisateur : “Lorsque l’utilisateur crée un chemin, il le nomme, insère le nom dans son livre de codes et le tape sur son clavier. Devant lui se trouvent les deux éléments à joindre, projetés sur des positions de visualisation adjacentes. Au bas de chacun, il y a un certain nombre d’espaces de code vides, et un pointeur est placé pour indiquer l’un d’entre eux sur chaque élément. L’utilisateur appuie sur une seule touche et les éléments sont définitivement joints“.

 

Si ce modèle d’association de documents n’a pas été concrétisé par la suite, l’idée a inspiré la réalisation de l’hypertexte dans les années 1960, à la base des systèmes de navigation et d’encyclopédies virtuelles modernes. Ce type de réseau extensible a permis de créer le World Wide Web à la fin des années 1980, permettant l’utilisation concrète d’un navigateur. L’abréviation “Web” a fini par être couramment associée à la seul dénomination d'”Internet”, même si ce dernier désigne de manière plus générale le réseau informatique international. Le Web n’est ainsi que l’une des composantes d’internet avec la messagerie, la visio-conférence ou encore le partage de fichiers.

 

 

À suivre dans le troisième épisode des origines de l’e-learning : Vannevar Bush et la surcharge informationnelle. 


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