La Finlande abolit l’apprentissage de l’écriture attachée
La Finlande s’apprête à cesser l’enseignement jusqu’ici obligatoire de l’écriture liée (attachée). Fort peu relayée par les médias, l’information diffusée par le journal finlandais Savon Sanomat n’est pourtant pas anodine, voire choquante à travers le prisme français, encore largement conservateur sur le plan scolaire. Pour l’éducation nationale finlandaise, la mesure est avant tout pragmatique.
Digital versus dactylographie
La maîtrise de la dactylographie est « une importante compétence nationale », selon Minna Harmanen, membre du conseil national de l’éducation finlandaise. Apparemment il s’agit même d’un atout supérieur à la calligraphie, ou du moins plus utile. Face au rouleau-compresseur numérique, la maîtrise précoce du clavier par les élèves semble un argument économique sérieux. A partir de l’automne 2016, les élèves n’auront ainsi plus à s’appliquer à dessiner de belles lettres sur du papier, mais devront moins romantiquement les taper sur un clavier.
La Finlande ne renonce pas pour autant totalement à la calligraphie. L’écriture scolaire est principalement composée de l’écriture cursive (attachée), et de l’écriture scripte (caractère d’imprimerie). Cette dernière est pour l’instant conservée, puisque similaire au format numérique.
L’initiative finlandaise n’est pas isolée, ni avant-gardiste. Depuis plus d’un an, 45 Etats américains ont d’ores et déjà relayé l’écriture cursive aux livres d’histoires.
L’e-learning plébiscité par la Finlande
Cette évolution dans l’enseignement finlandais n’est en soi guère surprenante. Les Pays scandinaves figurent parmi les leaders de l’e-learning en Europe, bien loin devant la France. L’annonce de la suppression de l’écriture cursive a été plutôt bien accueillie par les professeurs finlandais, et d’une façon générale plutôt favorablement commentée sur les réseaux sociaux.
Les quelques réserves émises ne ciblent pas objectivement le principe d’abandon de l’écriture cursive. L’un des problèmes posé est déjà observé pour le principe de la classe inversée, à savoir le potentiel désavantage concernant les enfants ne disposant pas d’ordinateur à la maison. Le manque d’ordinateurs dans les écoles pourrait aussi constituer un obstacle.
D’autre part, sur un plan pédo-psychiatrique, des associations finlandaises rappellent l’intérêt de l’écriture cursive pour le développement moteur des enfants, qui pourrait toutefois être efficacement remplacée par des cours de dessin.
Même si l’écriture cursive se raréfie dans la vie courante, son abandon semble encore impensable dans les écoles françaises, où la défiance envers l’e-learning reste prononcée. Il convient toutefois de noter que l’apprentissage du clavier a débuté en France au début des années 2000, et dès la fin de la maternelle.